Bordeaux sur Garonne

Quand j’étais jeune, c’était pour le charentais que j’étais une ville grise, au propre et au figuré, suintant la tristesse peuplée de vieilles personnes hautaines endimanchées toute la semaine..

On disait que les antiques familles des Chartrons envoyaient leur jeune progéniture en pension au nord, c’est à dire à Angoulême, pour qu’elle perde un peu de cet accent méridional un peu honteux

De retour maintenant que je suis vieux à mon tour j’ai peine à reconnaître une cité toute blanche, propre et comme neuve. 

Et qui n’est peuplée que de jeunes adultes d’origines diverses et s’exprimant sans accent, sauf celui qu’ont fini par imposer partout les médias audiovisuels nationaux.

Dans le quartier de la gare des retraités de mon âge attablés en terrasse s’interrompent brièvement à mon passage.  ils répondent à mon salut avec la cordialité préservée de leur Orient natal (c’est à dire l’Afrique du Nord) et nous échangeons le regard complice de ceux qui ont connu et partagé une autre époque, une autre ville